Texte - Sauvons la nature
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C'est une histoire passionnante et pleine d'enseignements que celle des relations de l'Homme avec la Nature. Pendant un très long temps, l'idée ne pouvait même pas venir à l'homme qu'il eût à user de ménagements envers la nature, tant celle-ci lui apparaissait hors de proportion avec les effets qu'il était capable d'exercer sur elle. Mais voilà que, depuis quelques décennies, la situation se retourne... Par suite de la prolifération effrénée des êtres humains, par suite de l'extension des besoins et des appétits qu'entraîne cette surpopulation, par suite de l'énormité des pouvoirs qui découlent du progrès des sciences et des techniques, l'homme est en passe de devenir, pour la géante nature, un adversaire qui n'est rien moins que négligeable, soit qu'il menace d'en épuiser les ressources, soit qu'il introduise en elle des causes de détérioration et de déséquilibre.
Désormais, l'homme s'avise que, dans son propre intérêt bien entendu, il faut surveiller, contrôler sa conduite envers la nature, et souvent protéger celle-ci contre lui-même. Multiples sont, de vrai, les motifs que nous avons de protéger la nature.
Et d'abord, en défendant la nature, l'homme défend l'homme: il satisfait à l'instinct de conservation de l'espèce. Les innombrables agressions dont il se rend coupable envers le milieu naturel - envers «l'environnement», comme on prend coutume de dire - ne vont pas sans avoir des conséquences funestes pour sa santé et pour l'intégrité de son patrimoine héréditaire.
Protéger la nature, c'est donc, en premier lieu, accomplir une tâche d'hygiène planétaire. Mais il y a, en outre, le point de vue, plus intellectuel mais fort estimable, des biologistes, qui, soucieux de la nature pour elle-même, n'admettent pas que tant d'espèces vivantes - irremplaçable objet d'étude - s'effacent de la faune et de la flore terrestres, et qu'ainsi, peu à peu, s'appauvrisse, par la faute de l'homme, le somptueux et fascinant Musée que la planète offrait à nos curiosités.
Enfin, il y a ceux-là - et ce sont les artistes, les poètes, et donc un peu tout le monde - qui simples amoureux de la nature, entendent la conserver parce qu'ils y voient un décor vivant et vivifiant, un lien maintenu avec la plénitude originelle, un refuge de paix et de vérité - «l'asile vert cherché par tous les coeurs déçus» (Edmond Rostand) - parce que, dans un monde envahi par la pierraille et la ferraille, ils prennent le parti de l'arbre contre le béton, et ne se résignent pas à voir les printemps devenir silencieux ...
«L'homme ou la nature» (Librairie Hachette, Éditeur)